Yazîd al-Taymî a rapporté le récit suivant : « Un jour, ‘Alî Ibn Abî Tâlib reconnut une cuirasse, qu’il perdit naguère, chez un juif qui l’avait récupérée. Il lui dit : « Mais c’est ma cuirasse ! Elle est tombée d’un de mes chameaux de pelage gris cendré ». Le juif répondit : « Cette cuirasse m’appartient, elle est maintenant entre mes mains ! » Une polémique s’en suivit et le juif dit : « Seul le juge des musulmans pourra nous départager». Ils allèrent voir Shurayh. Ce dernier demanda à ‘Alî l’objet de sa visite, et ce dernier expliqua l’affaire :« Ma cuirasse, elle est tombée d’un des mes chameaux, de pelage gris, ce juif l’a récupérée [et il refuse de me la remettre] ». Shurayh demanda l’avis du juif qui répondit : « Non, cette cuirasse m’appartient, elle est maintenant entre mes mains ! » Shurayh intervint et dit : « Tu as raison, ô commandeur des croyants, c’est vraiment ton armure, mais il te faut deux témoins ». Sur ces entrefaites, ‘Alî sollicita le témoignage de Qunbur, son affranchi, et d’al-Hasan, son fils, et les deux hommes témoignèrent effectivement en sa faveur. Mais Shurayh ne valida pas l’un des deux témoignages : « Nous acceptons le témoignage de ton affranchi. Quant au témoignage de ton fils, nous ne le validons point ». ‘Alî rétorqua : « Malheur à toi ! N’as-tu pas entendu ‘Umar Ibn al-Khattâb rapporter qu’il a entendu le Messager d’Allah -aleyhi salat wa salam- dire : « Al-Hasan et al-Husayn seront les maîtres des jeunes gens du Paradis » ? – « Par Allah, si ! », répondit Shurayh. – « Qu’as-tu donc à ne pas valider le témoignage du maître des jeunes gens du Paradis ? », s’exclama ‘Alî. – « Le témoignage du fils en faveur de son père n’est pas valable », proclama Shurayh, et ‘Alî d’acquiescer. Constatant cela, le juif lança : « Le commandeur des croyants vient avec moi chez le juge des musulmans, ce dernier juge en sa défaveur et il accepte le jugement ! Tu dis vrai, ô commandeur des croyants ! Cette armure est vraiment la tienne, elle est tombée d’un de tes chameaux et je l’ai récupérée. Je témoigne qu’il n’y a pas de divinité autre qu’Allah et que Muhammad est son Envoyé » {Hilyat al-Awliyâ’, t.4, pp.140-141.} -AQ-