Le prophète - aleyhi salat wa salam - a dit : "Protège-toi des interdits et tu seras le plus (grand) adorateur (d'Allah) parmi les gens. Contente-toi de ce qu'Allah t'a donné, tu seras le plus riche des gens. Agis en bien envers ton voisin, tu seras (véritablement) croyant. Aime pour les gens ce que tu apprécies pour toi-même, tu seras (un parfait) musulman. Et ne ris pas trop car l'excès de rire tue le cœur." {Sounan Tirmidhi} De nos jours, lorsque nous ressentons le besoin de faire le bien, d'améliorer notre condition spirituelle et d'augmenter notre piété -ou lorsque nous désirons exprimer notre gratitude à Notre Créateur pour nous avoir accordé une faveur (en nous protégeant d'un malheur par exemple…)-, notre premier réflexe consiste généralement à chercher des opportunités pour multiplier les bonnes actions qui ne sont pas imposées en Islam. Nous nous mettons ainsi, par exemple : - à offrir une partie de nos biens en faveur d'une mosquée, d'une madressah ou pour d'autres causes pieuses (aide aux personnes sinistrées, aux pauvres etc…), - à respecter scrupuleusement certains tasbîh etc… durant la journée, - à multiplier et à allonger les prières nafl (salât oul layl, salât oud dhouhâ,…), - à effectuer une 'oumrah ou, mieux, un hadj nafl,... Bien évidemment, dans tous ces cas, l'attitude que nous adoptons avec sincérité est, en soi, très positive, louable et méritoire… Le problème qui se pose, c'est que, dans cette dynamique de ibâdat (adoration) et de taqwâ (piété), dans cet effort pour raffermir notre lien avec Allah et pour nous rapprocher de Lui, nous n'accordons souvent que très peu d'attention à ce qui constitue pourtant notre principale faiblesse : la désobéissance envers le Créateur et la multiplication des péchés… Et c'est cela qui rend notre démarche complètement incompréhensible ! Le propos du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhis salâm) à Abou Houreïrah (radhia Allâhou anhou) ne souffre en effet d'aucune ambiguïté : L'effort de résistance face au harâm est primordial pour protéger et améliorer sa condition spirituelle. Pour clarifier cette réalité, prenons donc quelques exemples concrets : . Est-ce vraiment raisonnable de notre part si, d'un côté, nous multiplions la récitation de formules de louange et de glorification d'Allah mais que, dans le même temps, nous ne fassions aucun effort digne de ce nom, c'est-à-dire sincère et constant pour maîtriser notre langue face à des interdictions aussi graves que la médisance, la calomnie, le mensonge, les propos blessant à l'égard d'autrui… ? . Est-ce vraiment raisonnable de notre part si, d'un côté, nous nous efforçons de pratiquer de nombreuses et longues salât nafl ou nous parcourons des milliers de kilomètres en dépensant des milliers d'euros pour accomplir des 'oumrah ou des hadj surérogatoires et visiter ainsi la Maison d'Allah régulièrement mais que, dans le même temps, nous ne fassions aucun effort digne de ce nom, c'est-à-dire sincère et constant pour respecter nos rendez-vous quotidiens avec Notre Créateur (lors des salât obligatoires) ? . Est-ce vraiment raisonnable de notre part si, d'un côté, nous offrons beaucoup des sadaqât dans le chemin d'Allah mais que, dans le même temps, nous ne fassions aucun effort digne de ce nom, c'est-à-dire sincère et constant pour nous acquitter correctement de nos aumônes obligatoires, pour ne pas s'approprier de façon illicite les biens d'autrui ou pour ne pas violer les devoirs matériels que nous avons envers nos proches ? La réponse à chacune de ces questions est évidente : agir de la façon décrite, c'est passer bien évidemment à côté du plus important, de l'essentiel… et se tromper lourdement de priorité. Attention cependant à ne pas se méprendre sur le sens de mon propos : Je ne tiens aucunement à minimiser l'importance des différentes actions surérogatoires que j'ai citées à titre d'exemples… Qui pourrait oser remettre en question les vertus et le mérite du tasbîh, des salât nafl, du pèlerinage non obligatoire, de la sadaqah etc… alors qu'il existe des dizaines de références qui encouragent leur pratique ? Je ne soutiens pas non plus qu'il ne sert à rien de faire des actions nafl à partir du moment où l'on commet des péchés (ce qui reviendrait à affirmer de façon absurde que ces œuvres pies devraient être réservées aux seuls êtres infaillibles qui n'aient jamais été, en l'occurrence les Prophètes et Messager d'Allah (alayhimous salâm).) A vrai dire, à partir du moment où les actes nafl sont faites en toute sincérité, il est indéniable qu'ils rapportent beaucoup de récompenses et qu'ils sont bénéfiques au musulman dans ce monde et dans l'Autre, Incha Allah. J'ai bien évoqué plus tôt le caractère primordial et prioritaire de l'abandon des péchés : ce que je tiens donc à souligner, c'est que dans notre souci d'améliorer l'adoration d'Allah, nous ne devons surtout pas négliger ou minimiser la résistance et la lutte contre les péchés. Cheikh Mohammed Patel Source : muslimfr -AQ-